Gallery
15.12.09 > 17.01.10
Patrick Mallet
Smarra
Une fois n’est pas coutume, c’est une véritable horreur que le Centre Belge de la Bande Dessinée accueille sur les cimaises de sa Gallery !
En effet, avec « Smarra », Patrick Mallet explore l’univers du cauchemar où il se vautre sans retenue, avec une jubilation presque malsaine. C’est que son graphisme au trait appuyé, expressionniste et cru, convient à merveille à ces descentes aux enfers qui attendent Lorenzo chaque fois qu’il plonge dans l’abîme du sommeil où il retrouve les démons de la nuit.
Rehaussé par les couleurs inspirées de Laurence Croix, l’art de Patrick Mallet est de recréer avec maestria l’univers romantique de Charles Nodier tout en respectant sa force littéraire et en traduisant son univers avec inventivité.
JC De la Royère, CBBD
Avec Smarra, Patrick Mallet met en avant l’un des premiers écrivains se réclamant du Romantisme. Charles Nodier (1783-1844) fut, après Stendhal mais avant Victor Hugo, l’un des plus ardents défenseurs de ce nouveau genre qui rompait avec le Classicisme. Dès 1823, il gère la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris et y anime en son sein le salon de l’Arsenal.
Smarra ou les démons de la nuit sont parus deux années auparavant. Il y démontre sa passion pour la sentimentalité, l’exotisme et le fantastique ; le tout placé dans un décor historique propre à accueillir une dramaturgie ténébreuse.
Rêve ou cauchemar, le lecteur se laissera guider par l’auteur de cette adaptation luxuriante où les monstres apparaissent avec mélancolie.
Si l’on sait que Nodier mourut dans son sommeil, on peut s’interroger sur sa destinée et celle qu’il traça pour ses personnages. L’ami d’Alfred de Vigny développa avec Smarra une première approche du rêve où l’homme projette ses angoisses et ses folies.
Patrick Mallet aurait pu choisir la facilité et nous adapter un joli conte classique. Il a choisi un autre défi – et l’a remporté – celui de nous faire apprécier un texte certes ancien mais toujours passionnant.
Paul Herman, Glénat